Drissa – Moi, ce que je voudrais, c’est être un mec banal.
Le videur – La banalité c’est une affaire de blanc.
Drissa – La banalité c’est un état.
Le videur – Tu n’existes pas assez pour être banal.
Drissa Diarra est un garçon noir qui vit en France avec ses parents Issouf et Maryama, sa soeur jumelle Ramata et son petit frère Seydouba. Drissa rêve sa famille en blonds comme ceux des publicités. Mais ce qu’il aimerait par dessus tout, c’est posséder un chien bien à lui, chose peu courante dans les familles d’origine africaine.
À partir de ce désir assumé de banalité, l’autrice et metteuse en scène Eva Doumbia, tisse une histoire grave et sensible. Elle soulève, nous plaçant au coeur de cette famille afro-européenne, les difficultés d’une jeunesse tiraillée entre le modèle patriarcal et la société dans laquelle elle grandit, ou encore les discriminations qui affectent les garçons et les jeunes filles noir.e.s. À l’arrière plan, gronde la litanie des garçons tués par la police française…
Cet âpre combat nous est donné à voir de l’intérieur avec beaucoup de délicatesse et d’humour, par les yeux de celles et ceux qui refusent avec acharnement de subir et de se résigner.
Photos
© Arnaud Bertereau