« Il en est ainsi de notre passé. C’est peine perdue que nous cherchions
à l’évoquer, tous les efforts de notre intelligence sont inutiles.
Il est caché hors de son domaine et de sa portée, en quelque objet matériel
(en la sensation que nous donnerait cet objet matériel), que nous ne soupçonnons pas. Cet objet, il dépend du hasard que nous le rencontrions avant de mourir, ou que nous ne le rencontrions pas. »
À travers les thèmes de l’enfance, du deuil et du surgissement de la mémoire, le metteur en scène et nouveau directeur du Théâtre National Populaire, Jean Bellorini, se penche sur les rouages qui dans l’œuvre proustienne mènent d’un vécu à une œuvre, d’un souvenir à sa mise en art.
La comédienne Hélène Patarot, qui a travaillé avec Peter Brook et Simon McBurney entre autres, et Camille de La Guillonnière, complice de longue date de Jean Bellorini, retraversent plusieurs des célèbres passages de À la recherche du temps perdu. Accompagné.e.s au plateau par le musicien Jérémy Péret, ils reforment, le temps de la représentation, les duos mythiques de l’œuvre, celui du narrateur avec sa mère, avec sa grand-mère, et celui de Marcel Proust avec sa gouvernante Céleste. Ils insufflent parfois au récit des passages empruntés à leur propre histoire, nous conviant à débusquer le souvenir cristallisé dans l’évanescence d’un instant. Un voyage d’une grande beauté, porté par les vertiges hypnotiques de la langue, dans les méandres de la mémoire.